Madame Agnès ANDRÉ

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Domiciliée à Saint-Gilles (1060)
Née à Namur (5000) le samedi 17 mars 1956
Décédée à Saint-Gilles (1060) le lundi 9 avril 2012 à l'âge de 56 ans

Espace « condoléances » 

Cet espace condoléances a été créé le vendredi 13 avril 2012.

In memoriam

Cet espace « condoléances » est dédié à la mémoire de Madame Agnès ANDRÉ. Chacun peut s’y recueillir, déposer une carte de visite ou un message de condoléances. Utilisez les liens ci-dessous pour consulter les marques de sympathie ou intervenir vous-même. 
N’hésitez pas à renseigner cette page à vos connaissances. Ceux qui sont loin ou qui n’ont pas la possibilité de se joindre à la cérémonie trouveront ici une façon simple de montrer leurs sentiments à la famille dans ce moment difficile. 
Merci d’avance. 

10 messages (9 privés)
 
Hommage 

Article écrit par Aïda Allouache
CSCE

Agnès André nous a quittés en avril 2012, durant la semaine pascale. Elle a décidé de partir un jour où son fils de dix-neuf ans était absent pour la semaine.
Elle a choisi une corde blanche et une des portes de l’appartement pour en finir avec la vie, et les galères de ses souffrances...

Agnès, cinquante-six ans, avait été licenciée durant l’été 2011.
Elle était en litige avec son ex employeur. Son préavis s’était terminé fin février.
C’est vrai qu’elle n’avait pas géré au mieux ses finances. En fait, elle avait dépensé tout l’argent de son préavis et il ne lui restait plus rien. En mars, elle n’avait pas obtenu tout de suite l’allocation de chômage sur laquelle elle comptait. Elle s’est retrouvée sans le sou mais aussi avec pas mal de dettes semble-t-il.

Début avril, elle avait une entrevue avec l’ONEm. C’était le vendredi 2 avril. “Elle est revenue de cette entrevue, elle n’était pas bien, ça ne s’était pas bien passé avec l’employé qui l’avait reçue. Elle a cru qu’elle n’aurait pas le chômage. Je suis sûre qu’elle se voyait à la rue”, raconte Nadine, une de ses amies...

Agnès avait fait une licence et une maîtrise en sciences économiques à Namur. Elle avait travaillé comme fonctionnaire des Nations unies en Afrique, à Haïti.
“Elle avait poursuivi une année d’études à la Columbia University de New York, un MBA, en business management”, raconte une autre de ses camarades d’études de Namur. De tous ses voyages, elle avait pris des “milliers de photos tout au long de son cheminement, raconte sa soeur, toutes plus belles les unes que les autres, soigneusement rangées, annotées de sa plume riche et incisive, témoignant de l’universalité de son élan vers les lieux, les personnes, les situations, et ce, malgré la blessure tapie au plus profond d’elle-même”.
Après ses missions professionnelles à l’étranger, Agnès est revenue en Belgique pour travailler. “Elle avait toujours travaillé, c’était très important pour elle, après chaque licenciement de retrouver un autre job”, insiste Géraldine, une autre amie qui l’avait perdue de vue ces derniers mois.
“Mes priorités, c’est une maison correcte, trouver des boulots et mes occupations politiques et de voisinage, avait-elle écrit à une de ses amies en octobre 2011. La survie va devenir de plus en plus difficile, il faut absolument s’organiser au jour le jour et travailler à survivre dans son environnement.
Quand ce sera comme c’est en Grèce actuellement, comment feras-tu, toi, y as-tu déjà pensé ? Moi, j’y pense chaque jour.”

Elle arrivait toujours à trouver du boulot, au vu de ses compétences, de sa grande intelligence et de la richesse de son parcours professionnel. Mais le problème était de garder ce job car Agnès était malade. Elle souffrait de troubles bipolaires. « C’est quelque chose qui a modulé sa vie et c’est en fonction de sa maladie que les choses se passaient bien ou moins bien...”, reconnaît une autre de ses connaissances.

Nadine, l’amie qui l’a vue quelques jours avant sa mort, raconte que
“Elle a cru qu’elle n’aurait pas d’allocation de chômage... Moi je lui ai suggéré d’aller au CPAS, elle m’a répondu qu’elle n’avait pas travaillé toute sa vie pour aller au CPAS, elle en avait honte... Je m’étais inquiétée pour elle comme je m’inquiète pour d’autres, pour mes enfants, pour les voisins et pour les gens que j’aime. Je me sens révoltée, il faut faire quelque chose pour que ça ne se reproduise plus, qu’il n’y ait plus cette exclusion sociale vis-à-vis des personnes faibles physiquement, psychologiquement ou comment dire pécuniairement. Faire quelque chose pour faire justice !
Pour moi, Agnès, c’est la fleur du matin. Elle passait certains weekends prendre le café chez moi, elle me ramenait des fleurs.”

Dans la semaine du 9 avril, un courrier de l’ONEm est arrivé annonçant qu’elle avait bien droit à son allocation de chômage.
C’était trop tard. Agnès s’était suicidée le lundi de Pâques.

Greta Arys- 04-08-12